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🕓 Temps de lecture : 3 minutes
Ecrit par Marie le le 8 novembre 2024
Pourquoi beaucoup d'initiatives pour faire diminuer les émissions de CO2 dans le textile échouent-elles ?
Le Fashion Pact (2019), la loi AGEC (2021) ou encore la Stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires (2022) sont des lois, initiatives ou projets initiés pour, selon leurs auteurs, "s’attaquer à l’impact croissant de la mode sur notre planète".Mais voilà, depuis leur lancement en grande pompe, cela n'a pas changé grand-chose.
Essayons de comprendre pourquoi.
1. Elles s'attaquent à l'impact par produit, mais pas aux étapes critiques.
Comme je l'ai mentionné dans l'un de mes derniers éditos, les émissions de CO2 générées lors de la fabrication d'un vêtement se répartissent ainsi (pour la grande majorité des vêtements produits) :
Les étapes de fabrication de la matière première et des matières textiles sont les plus émettrices en CO2, principalement en raison des émissions produites par l'énergie utilisée. Par exemple, la Chine est le premier producteur de textiles. Son mix énergétique repose principalement sur des centrales à charbon, donc très carboné. Ainsi, un tissu 100 % coton produit en Chine émettra plus de CO2 qu'un tissu 100% coton produit en Europe.
Le Fashion Pact propose, par exemple, de "remplacer des matières premières polluantes par des moins polluantes".Il vise donc à réduire les émissions liées à l'étape "matière première", qui représente 26,5 %, mais ne s'attaque malheureusement pas à l'étape la plus génératrice de CO2, à savoir la fabrication des matières textiles.
2. Elles s'attaquent à des étapes qui n'ont pas d'impact significatif.
La Loi AGEC propose par exemple de s'attaquer à l'interdiction de la destruction des invendus.Or, en novembre 2021, l'ADEME publiait que les invendus détruits représentaient moins de 1 % des ventes. Donc, même si l'on pourrait penser que l'impact de ces vêtements produits et détruits est double (du fait de leur production et de leur destruction par incinération), cela reste très peu significatif.
3. Elles souhaitent agir sur des étapes dont on n'a pas de preuve de leur impact sur la réduction des émissions de CO2.
La Stratégie européenne pour des textiles durables et circulaires propose par exemple d'augmenter la durabilité physique des vêtements, en pensant que plus la durabilité est élevée, plus nous allons "garder" nos vêtements. Or, cet argument n'a malheureusement pas de preuves solides, et il existe même de nombreux contre-exemples. Il semblerait que nous renouvelions nos vêtements non pas parce qu'ils sont de mauvaise qualité, mais simplement par lassitude.
Prises individuellement, toutes ces initiatives ne sont pas dénuées de sens. Mais elles ont un impact minime sur l'enjeu énorme qu'est la réduction des impacts environnementaux de l'industrie textile.
Si nous devions nous concentrer sur une seule chose pour réduire drastiquement les émissions, il faudrait vraiment s'attaquer aux volumes de vêtements produits. À notre connaissance, la seule proposition solide qui aborde ce sujet est la loi fast-fashion. Nous attendons donc de voir ce qu'il en ressortira des discussions au Sénat.
Je m’appelle Marie, je suis la co-fondatrice de WeDressFair, mais au fond je reste cet enfant, disons-le, un peu chiant 😇, qui demande 150 fois pourquoi dans la journée. Alors j’ai fait de ma passion du "pourquoi", une série d’édito (très intéressants) à lire toutes les semaines dans votre boite email, à écouter sur les réseaux et à retrouver sur notre site. Ça parle évidemment de notre rapport au textile, mais pas que.. Je vous laisse découvrir.
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